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Bellefond (Côte d'Or) -  Eglise paroissiale Saint-Sébastien

 

   La terre de Bellefond appartenait à l’époque féodale à la puissante famille des sires de Fauverney. Ils en firent don au début du XIIe siècle à l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon. C’est cette présence monastique qui explique à la fois le beau vitrail du début du XVIe siècle représentant le saint martyr bourguignon et le remarquable retable peint du siècle précédent avec un donateur bénédictin.

   Dans ce contexte fut édifiée l’église Saint-Sébastien. Malgré l’absence de documents antérieurs à l’époque moderne, on peut supposer que la nef remonte à une première campagne du XIIIe siècle. Le sanctuaire fut sans doute repris vers 1500, des traces assez visibles le montrent. Dès le XVIIe siècle cependant, l’aménagement de cet espace fut entièrement modifié.

   C’est à cette occasion que fut entrepris le décor monumental du chœur qui fait la singularité de cette petite église. Il prend place au-dessus de l’autel sous la forme d’un maître-autel peint sur le mur. Sa composition à étages reprend le schéma des maîtres-autels disposés dans les chœurs des églises au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle.

   L’équilibre est parfaitement respecté avec un panneau central flanqué de part et d’autre la figure peinte d’un saint, inscrite dans une niche en trompe-l’œil. La partie supérieure, comprend un tableau central avec la figure du Christ accompagné de chaque côté d’un panneau, l’un représentant un bouquet floral dans un vase et le second plus étroit est essentiellement constitué de fruits.

Ci-dessus Maître-autel après restauration

Ci-dessus Maître-autel après restauration

La scène du panneau central inférieur se déroule dans un paysage verdoyant.

Sur le côté gauche, un ange est posé sur une nuée. Cet ange tient dans la main droite une palme symbole de martyre ou de victoire. De son autre main, il semble présenter un objet dont on ne devine que des nuances orangées, rouges et blanches pouvant évoquer toutefois la forme d’une couronne. Cet élément se détache du fond occupé par un soleil. Devant le soleil, venait se positionner sur une console dont on a conservé la trace, soit une statue soit un tabernacle. Une ligne blanche sur le mur verticale témoigne également de la présence de cet élément rapporté. Une inscription est visible au-dessus de cette scène. On peut lire l’inscription Misericordias Domini in aeternum cantabo au-dessus de cette scène faisant référence au psaume 88.     

PHOTO ci-dessus Détail de l'ange tenant une palme et une couronne

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Auteur de l'article - Marie-Gabrielle CAFFIN

Photographies - Marie-Gabrielle CAFFIN

Editeur PACoB pour son blog  pacob.net

Date -16 avril 2017

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Sur la gauche de ce panneau, saint Jean l’Évangéliste est figuré tenant la coupe à la main, un serpent sortant de cette dernière. Dans l’autre main, il tient une palme. Il a le visage juvénile comme le veut la tradition occidentale.                     

PHOTO ci-contre  Saint Jean tenant la coupe et au-dessus un bouquet de fleurs

Sur la droite, le saint est vêtu d’une armure et d’une cape rouge. Il tient la palme de la main gauche et une bannière de l’autre. Il s’agit de saint Maurice qui est le patron des chevaliers et des soldats au même titre que saint Georges. Représenté tout d’abord sous les traits d’un Maure africain à la peau noire, on le représente plus tardivement avec la peau blanche. Il est vêtu d’une armure et porte la bannière blanche.

PHOTO ci-contre Buste de saint Maurice, côté droit

Ci-dessus Crucifixion, tableau central supérieur

Ci-dessus Crucifixion, tableau central supérieur

    Le Christ est représenté en croix dans la scène supérieure. Il se détache seul d’un sol brun pour la partie inférieure et d’un fond aujourd’hui à dominante noire au-dessus. À hauteur du bras horizontal de la croix, un paysage se devine. Ce Christ a les contours du visage, du corps et de sa couronne d’épine cernés d’un trait noir très large. Ce trait est différent des contours des autres personnages. Le gris du corps paraît également de nature différente. Pourrait-on imaginer une reprise de ce tableau après une usure survenue de façon rapide au cours du siècle suivant ?

   Le style des figures peintes, le traitement des costumes et des visages ainsi que la composition architecturale témoignent d’une exécution probablement du début XVIIe siècle. La peinture murale est peu présente à cette époque, mais l’église, pas encore paroissiale, devait manquer de moyens pour réaliser un véritable maître-autel dans la nef et un décor de boiserie autour des autels latéraux de la nef. La peinture monumentale est venue se substituer à la sculpture tout en intégrant une statue ou un tabernacle dans la partie centrale du maître-autel.

   Les peintures monumentales de l’église de Bellefond sont l’un des rares témoignages de réalisation de maître-autel dans la région Bourgogne. Il nous permet de compléter notre corpus de l’époque moderne.

Texte et photographies : Marie-Gabrielle CAFFIN

 

Moots-clefs Bellefond (Côte d'Or), église, peintures murales, maître-autel peint, Christ en croix, Jean l’Évangéliste (saint), Maurice (saint), paysage,  17ème siècle

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Tag(s) : #Etudes
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